" au lecteur "



dans la mienne
ta main
glacée froide fleur
de l'image

tu n'aimes personne
comme
tu es aimée

les papillons
n'ont que faire
de leur beauté
mais ils meurent
pour la lumière

un autre lendemain
comme ici
dans un même miroir

sans avoir su
dans ses yeux
nos yeux se
fermeront


après



Monsieur le Maire de C**
est un vieil homme
quand il marche
on entend comme un frôlement
suivi du bruit franc de sa canne
un homme à poigne sans doute
la main est plus ferme
que les jambes


Monsieur le Maire de C**
désespère de la politique
il ne l'a pas dit
il (se) demandait
Connaîtrez-vous des temps apaisés ?
il sentait dans les beaux discours
le même inutile que bien du sang


Non par ce qui a été fait
mais parce que rien ne change
Sans doute il portait plus la soutane
que l'écharpe tricolore
sans la joie
sans espoir
ce jour


( au-dessus de nous tournait le dernier avion militaire d' Airbus, des enfants on lu quelques passages illustrés & sanguinolents d'un livre de boucherie, les enfants ont accusé, C'est la faute des politiques ont-ils dit, & ils même répété, des enfants bien dociles en rang avec une fleur épineuse & blanche en guise de fusil
une profonde tristesse m'envahit
la solution était si simple, simple accusation; pas la folie des hommes, non les politiques; pas la responsabilité d'un peuple souverain, non les politiques
braves petits soldats...)

fenêtres



j'habitais
au-dessus de toi
en face
& sous les toits

avec quelques
poussières bien disposées
je t'ai fait croire aux étoiles
je croyais

tu regardais
le ciel
(pour ne pas me voir)

je regardais
chez toi
(le lit sans moi)



(TriX, 2001, Toulouse)

des mots qui ne peuvent



pour Clément 

c'était long
Nantes-Paris en 1995
je prenais le train
entre 2 & 3 heures du mat
j'arrivais 4 heures plus tard
à Montparnasse

je prenais le train
c'était déjà lundi
je n'avais pas encore dormi
on avait bu & fumé
en attendant
que

je prenais le train
avec quelques bières
dans le barda
j'écrivais beaucoup
en ce temps-là je
faisais quelques photographies

je n'ai
jamais embrassée la nuit 
de tout mon corps
jamais cru aux clartés
non plus
entre les deux j'allais me
perdre & trouver

( cette photo qui était morte enterrée dans le classeur jusqu'à maintenant, cette photo accepte sa raison d'être aujourd'hui
cette photo tremblée au train du train cette photo vide & pourtant occupée partout à droite du couloir cette photo
si un bout de laine quelque part n'eût pas été la mienne
cette photo faillit à son inspiration
elle demeure un vide qui ne sera jamais comblé ni perdu )


vendredi 8 novembre 2013
b.


sur la photo ?



(sur un banc
à côté de toi)
je le regarde

un jeu
d'enfant
il est seul


à jouer
il pourrait s'en foutre,
des règles, quand même ?

ce ne serait plus
un jeu plus la vie
du temps qui se perd


( tu es à côté
mais tu ne seras
sur aucune photo

elles sont là
mes photos toutes
à l'intérieur )


 tu es à côté, toi
tu resteras
tandis que résistera

ma mémoire
mon temps
ou moins


 l'ombre sera partie
avant la nuit
la petite fille

s'en ira
une autre fois
nous n'y serons plus


horizons




commencent
nos chemins

je voulais te dire...
qu'importe
tu es si loin


tous les deux
connaissons la consolation
vaine
des mots

tu viens avec moi ?

nous avons perdu
du temps
de l'espace



reste encore un peu