une méditation





faire semblant de ne rien faire

le retour



il n'y a encore personne


il se peut que tu ne viennes pas
je t'attendrai quand même


sinon je prendrai quelqu'un
dans la foule quelqu'un qui pleure
& qui ne m'attend pas


ils ont quitté l'ombre
ils ont rejoué la disparition
toi aussi tu attends tu appelles
tu ne cries pas


ils vont par deux
pourquoi suis-je seul ?
au monde
je commence le procès je suis
seul juge & coupable


la roue tourne à vide
l'ombre cerne les regards pourquoi
tu n'es pas revenue
seule ta valise arrivera bientôt
vide & plus lourde qu'avant
par chance j'ai encore quelques souvenirs


de toi quand tu étais enfant
avant de savoir que le temps
s'arrêtait parfois
mais les photos accusent
aussi le vide il se peut que tu ne sois pas seule
il se peut que tu sois quelqu'un
d'autre sur la petite image


alors je repars
le souvenir déçu
raide
& fort comme une statue
dans ta valise vide
maintenant c'est fini
le film, l'histoire & tout le reste
sauf de vivre encore mais en moins


6x9 Ultra Flex circa 1951, Ilford HP5+ i.e. 1600

noir, presque parfait




négatif papier, 6x9 cm


quelques pas j'écoute
la rue n'est pas éclairée
on ne me verra pas
je chante doucement

ils sont arrêtés
les pas
la peur
elle a commencé

doucement quelqu'un passe
ou plutôt une silhouette ou une ombre
presque personne
je suis invisible

je laisse doucement la photo finir
il ne reste de cette minute
que les défauts un peu
sombres le noir est tout blanc négatif

embrasse-moi



( in des invisibles, série en cours)

le peu de moi que j'ai donné

( l'écriture s'arrête un moment )

je pense à ses poèmes
ses chairs liquéfiées
parfois des cris je ne sais plus
qui ruissellent
des douleurs sans le mal & qui rient
ou râlent on se relève
la tête plus basse qu'avant

je demande souvent à la poussière
moi

nos dépôts ne sont pas les mêmes
d'autres soustractions d'autres additions
même mystère

( l'écriture recommence )

j'apprendrai la leçon par cœur
cela suffit

va-t-en maintenant