éclipse

ICA, Sirene 135
exposition multiple

tu es ma lumière

nous nous aimions
avant de l'avoir su

 l’œil brûle il  pleure

il y avait la face
ombrée inconnue

je brillais aussi

nous nous aimions
aveugles lumineux

éblouis en secret

& nos nuit étaient de rêve
dédié aux mots aux mains
immenses amants infinis



la faim




Sinon avec l' âge
il serait bon
par la raison de
guérir de la faim

Il y a dans les histoires
des amours d'eau fraiche
& de lumière Sont-ils beaux
ces héros qui ne seront

jamais humains
Sinon avec le temps
du papier jauni & des
alphabets perdus J'ai vu

dans mon secret de pareilles
ombres si belles à croire
mais je n'ai su les garder
Sinon avec l'oubli


les simulacres

à nous,

ICA, Sirene 135
papier, pinceaux


le grand lit blanc
s'est enlevé soudain

nous étions étendus
entre le ciel & la terre

on se tenait la main
il ne fallait pas bouger

mais on s'est embrassés
avant de nous réveiller

si légers au bord du réel
parce que nous étions nus




passage

ICA, Sirene 135
papier, pinceaux

... traîné jusqu'à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement...
( Platon, La République, VII - 516a)

 
la nuit mes yeux
souffrent le plus

la nuit la main cherche
dans l'ombre un féminin

la nuit il n'y a que moi

tu me dirais si les caresses
t'atteignaient ? tu me dirais
si je ne le savais pas ?

la nuit tu ne dors pas

dans une chambre inconnue
tu retournes le temps en
d'autres sens, mais pourquoi ?

la nuit cède au matin

les premiers oiseaux
déchirent nos rêves

les oiseaux ont
toujours raison


traits

ICA, Sirene 135
papier, pinceau

une lame s'est émoussée sur la vitre
assurément
toutes ces lignes pour quoi 
dire ?

mon image emprisonnée
exigeait réponse
mais ces tracés ne se laissent pas
lire

(plus tard)

avec le diamant de la HiFi
j'ai parcouru
tous les sillons un par
 un
 enfin
l' insondable secret
se fissura

une musique je le jure m'emporta

ta petite voix

ICA Sirene 135
papier, pinceau

la voix de l'autre
ou celle d'un enfant
qui appellerait
avant de naître

d'une langue inconnue
mais si proche

(le bruit du vent
le bruit du sang
le bruit de l'eau
ébruités sans bruit)

tu pourras venir
quand je n'aurai plus peur

& me laisser
comme on change de peau

je recommencerai le
même travail
la voix si douce
restera un mystère

nous serions trop bavards
si nous nous comprenions

(l'odeur d'un corps
la couleur d'un œil
la saveur des lèvres
& d'autres sens insensés)

comme avec des mots sur les yeux

ICA Sirene 135
papier, pinceau

je vois quand je dors
 à travers
comme avec des mots sur les yeux

mes questions
mises entre tes lèvres
avaient goût de tabac

ou d'alcool de ce soir

( je te le dis
pour que tu saches )

nos langues déliées
faisaient bien peu de bruit
elles donnaient
elles prenaient
elles recommençaient sans cesse

c'est ainsi la nuit
quand tu n'es pas là


le plus vrai silence

ICA, Sirene 135
papier, pinceau


il reste une image

un peu

longtemps

il manque une image
de toi

un peu

ce ne sont
que des mots
qui le disent

longtemps

lettre

ICA, Sirene 135
papier, pinceau
tu n'es pas venue
avec l'ennui de mes dix doigts
je t'ai écrit une lettre
que je posterai plus tard

je t'ai vue
revue un peu après
une photo dénudée
de quelques jours

avec l'ennui de mes dix doigts
je pourrais prier
ou me gratter la tête
mais je t'ai fait bonjour
par la fenêtre

bien sûr
il faudra un jour
plus que nos anges
plus que nos fantômes
entre nos mains

une respiration

(ICA, Sirene 135)
papier, pinceau
quand tout ce que je t'ai dit
s'en finira en silence
ce que j'ai écrit
s'effacera
des
souvenirs ou
des épingles des boites
des vitrines protégeront de l'oubli


mais quand tout le sa
ble aura coulé  &  le sa
ng durci deviendra de pierre
la poussière & le silence re

commenceront