le cheval blanc



nous avons laissé au cheval blanc
l'ombre de l'arbre

las sans ébats
à l'écart assis

couchés dans l'herbe
grasse de la cuisine





le dernier jour, celui sans lendemain





tu feras le tour du mur
ou tu l'escaladeras
ou tu creuseras dessous
un mur n'empêche pas

mais que feras-tu
mais que diras-tu
mais qu'espères-tu
de l'autre côté ?

tu pourras scier les barreaux
ou te glisser à bout de faim
ou tu les arracheras
des barreaux n'empêchent pas

mais que feras-tu
mais que diras-tu
mais qu'espères-tu
de l'autre côté ?



delirium





elle a reprisé la dentelle
tant qu'elle
en fit une toile

ce n'était
pour cacher
le corps aux regards

mes pinceaux posés
depuis longtemps durcis
sont du bois mort

une main tient mon verre
l'autre tremble trop
ou ne vit plus assez



obsession





quand en rêve
la fille s'est déshabillée
presque apparue
en réalité

tu as perdu quelque chose ?
....

elle
pose
nue
sa
bouche
sur
mes
nuits

demain je l'attendrai
à cause
du sommeil
 qui ne viendra pas

note à part -
sans raison d'aimer
recommencer 
jusqu'à l'usure

les tiroirs





on épingle les papillon
des jours colorés

on garde en cicatrice
les heures douloureuses

on laisse quand même sans mémoire
tous ces instants éternels

des feuillaisons





l'arbre à l'inverse était
tout habillé au plus chaud de l'été

j'allais voir
entre les feuilles
la couleur de la culotte
d'une fille d'en face

et l'homme l'aima
il mit un peu
de sirop d'enfant
dans son ventre

l'arbre à l'inverse d'elle
quand vint l'hiver se dévêtit


(en)vie





l'ombre ne marque pas la pierre

vêtue
de mon corps transparent

l'ennui immobile
de la cendre ne garde pas le feu
des choses simples

pleine
d'un seul amant

la poussière ne se souvient pas


loi de la jungle





il a mangé l'homme

repu

ne restent dans l'assiette

que les pièces qu'il n'avait pas

bues


l'oubli





tu as posé
sous mon oreille
quelques mots
un baiser
une fleur

nous avons repris
main dans la main
le chemin
de la maison
de l'oubli


cantiques





Comme, à l'aube, la rosée
Aimons nos rêves
nés dans la nudité

Les milles fleurs

tu m'ennoblis
dira-t-elle arondie
comme est la lune

sous les poussières
D'un arbre séculaire
l'homme

Doucement devant mes yeux

retire ma robe
ferme nos yeux
L'éternelle vérité

L'instant de paix
sentait la cigarette
La nature était parée

sous nos draps défaits

la merveille s'effacera
Sachons dire un mot gentil
avant de nous abandonner

Vas-tu faiblir, ô jeunesse
tu parles seule
maintenant d'un autre âge

Oh ! j'ai besoin de toi

est-ce la mère, est-ce l'enfant
est-ce l'amant
cette voix qui s'est éteinte

tu demanderas





tu demanderas
au petit lit trop grand
quand tu es seule

tu demanderas
aux mains d'un homme
plus qu'il ne donne

tu demanderas
aux silences combien
coûteraient les cris

tu demanderas
aux regards si tu peux
recommencer 

tu demanderas
à l'oignon
qui t'a fait pleurer


pour MuLM



des voix





la voix des fleurs
la voix qui ment
la voix de la soie
la voix des pierres
la voix d'un chant
la voix d' encre rouge
la voix du verre
la voix du ciel
&
la voix de ton ventre


le jeu de chat





j'ai tant d'une vie déjà
pourquoi toutes ces cachettes

elle rit
quand je la caresse
& le jeu cesse quand
elle rit

le chat de la voisine
s'est perché sur la vitre de ma chambre

elle appelle
pour que viennent le soir l'amant l'animal
mais c'est impossible toute une nuit
elle attend

quand je lui ai demandé le silence
elle a mis ses mains sur mes oreilles


Maria morte






silence
un homme en robe sur la femme assassinée
remue

noir
le sang des cadavres allé des corps à l'escalier
de pierres 

à cinq voix le silence est plus beau

des oiseaux noirs chantent sans plaisir

Carlo
sa main ne tremble plus mais il a peur maintenant
Carlo

Maria
laissée nue pour toujours n'aura jamais froid
Maria



Rendez-vous





ma respiration derrière la porte
forme une buée

ton doigt appuie...

ma respiration derrière la porte
suspendue sans nuage

tu repartiras

entrailles





( le linge sur la corde sèche
est plein d'amants & des cris d'enfants évités)

la boue délaissée
engendre sans plaisir

le couloir du fleuve
pareil aux prisons resserre les voix

( la vieille femme pleure
et ses fleurs patientent sans couleur )


le pardon




j'ai trop volé de souvenirs
tu me feras l'enfant que j'étais

la matrice ne répète jamais

demande aux voix
les cris de ma mère

le temps ne renonce - - -

toute l'eau de ton corps
m'aurait noyé sans toi



b|n ailleurs




ses oiseaux me viennent
parfois d'un regard

lointaine dentelle du carnaval

son doigt sur d'autres photos pointe leurs ailes

ils sont venus me taire
avec un peu de salive
qui brille sur l'eau où ils reposent


à mMabelle

le cri




les fleurs éternelles
nous regardent flétrir

( pierres habillées de poussière reposée )

un grand soupir du ciel
a levé le nuage

( dans l'ombre une ombre que je sais )

- Ne te retourne pas ! a crié le mythe
la couleur laissée au temporel grisera tant que l'histoire raconte

( dans le charnier de verre nos cris sans plaisir)

et pourtant comme une flamme
murmure le monde intouchable


cicatrices





cicatrice ? on m'a dit
non, j'en souris

c'est un verre vieux
sous dormait une photo d'étrangère

un matin regardant ailleurs
sais-tu l'envie qui me prend ?

les souvenirs les oublis
nos milliers de sommeils

quand tu poseras la main
le corps aura froid

où étions-nous
quand on dormait nus ?




dérive






loin de moi maintenant l'enfant
a suivi un autre chemin
sans trace possible

c'était un sommeil menteur
avec ses lèvres sur mon front
Tu t'en vas ? j'ai demandé à l'eau toute douce

bientôt elle sera femme

un grand sac de cailloux suffira
au fond du pas
un peu d'eau un peu de terre un peu du ciel

tandis qu'avec l'aiguille & le fil
je borde les souvenirs
de secret



silence







(f)roidie sous le drap

la chair tu m'as connue

murmure
s'enferme en tremblant

parodie quand même de statue

elles ni nues ni  vêtues
dans mes souvenirs

est-ce le pardon ?